176J Centre culturel populaire de Palente - Les Orchamps (CCPPO)

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Cote/Cotes extrêmes

176J1-J117

Date

1959-1973

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales du Doubs

Importance matérielle

2,50 m.l.

Origine

Centre culturel populaire de Palente-Les Orchamps (CCPPO)

Biographie ou Histoire

Historique de l'association (1959-1973)

Le Centre culturel populaire de Palente Orchamps (CCPPO) à Besançon est créé officiellement en septembre 1959 par une petite équipe composée de deux enseignants, René et Micheline Berchoud, d'un menuisier, Maxime Roland, et de son épouse Lucienne, d'un ouvrier, Paul Cèbe dit Pol Cèbe, et de son épouse Jeannine, tous habitants des nouveaux quartiers de Palente et des Orchamps, composés principalement de blocs d'immeubles mais aussi de pavillons jumelés, les « castors ». Cette association milite depuis ses débuts pour l'éducation populaire. Ses statuts s'inspirent du mouvement « Peuple et Culture », un réseau d'associations d'éducation populaire créé après la Seconde guerre mondiale, qui compte alors notamment comme collaborateurs Emmanuel Roblès et Chris Marker.

Toutefois, le rôle de l'AFCC (Association franc-comtoise de culture, voir fonds 79 J), association affiliée également à « Peuple et Culture », très influente dans le milieu culturel bisontin, n'est pas à négliger dans la création du CCPPO. En effet, à l'initiative d'une commission ouvrière autonome, elle est à l'origine de la création d'un Centre Culturel Populaire (1957), qui, après quelques années de fonctionnement au centre-ville de Besançon, au Kursaal, se transporte à Palente. Les futurs fondateurs du CCPPO sont sollicités notamment pour s'occuper d'un « ciné-travail » et ce seront les mêmes qui créeront le CCPPO (voir cote 176J1)... Par la suite, les relations avec l'AFCC seront toujours quelque peu conflictuelles : les tentatives de rapprochements de la part de l'AFCC ne seront jamais vraiment suivies d'effets (voir l'article de François-Xavier Laithier sur l'AFCC en sources complémentaires).
 
Dans cette partie de Besançon où il n'y a alors aucun équipement culturel, tout est à faire. Dès l'été 1959, alors que l'association n'est pas encore créée officiellement, une première exposition, composée de reproductions de peintures, est organisée dans la nouvelle salle des fêtes de Palente. L'association n'a de cesse d'organiser expositions, ciné-clubs, discussions, soirées musicales, projections de films, et, par la suite, fait venir des compagnies théâtrales présentant des pièces souvent engagées (176J17-28). Les membres actifs de l'association inventent et réalisent également pendant de nombreuses années ce qu'ils appellent « des montages », spectacles créés de toute pièce sur une thématique donnée, avec musiques, textes lus, poèmes, diaporamas, etc. (176J29-32).
Pour les membres du CCPPO, le but est donc bien de travailler à la diffusion populaire de la culture, en premier lieu auprès des habitants du quartier, et progressivement auprès des ouvriers bisontins dans leur ensemble et donc, à partir de 1967, parfois au centre-ville pour les spectacles les plus importants.
L'équipe s'étoffe progressivement de militants ouvriers, mais aussi d'étudiants, comme Jean-Pierre Thiébaud, qui deviendra président de l'association en 1973. L'esprit de convivialité, le désir de création et l'humour sont essentiels pour les animateurs de cette association très atypique. Le film Les Cinglés du CCPPO, tourné en 1962, le montre bien.

L'association ne dispose au départ d'aucun matériel technique, de peu ou pas de subventions ; elle n'obtient un local qu'en janvier 1967. La programmation est très souvent en rapport avec l'actualité ; la présence d'étudiants étrangers à Besançon (notamment au CLA, centre de linguistique appliqué) permet également l'organisation de soirées sur les différents pays dont ils sont originaires. L'accueil de groupes étrangers est fréquent, notamment par le biais d'expositions ; sont également proposées la découverte de pays, tant d'un point de vue économique qu'artistique ou ethnographique, et dans les débuts de l'association, des sorties thématiques dans la région. Des artistes locaux sont également sollicités pour des expositions d'arts plastiques.
Après la rencontre des membres de l'association à Urtière à l'été 1964 (voir 176J10), un virage est amorcé avec la velléité de diffuser une culture ayant un caractère plus révolutionnaire : les organisations ouvrières (syndicats et partis) de gauche sont sollicitées et acceptent dès lors d'être présentes au conseil d'administration de l'association. Par ailleurs, les rapports avec la Ville de Besançon se renforcent à partir du milieu des années 1960 (voir 176J49), même si la SFIO, qui dirige alors la municipalité, ne fait pas partie des partis contactés.

Jusqu'en 1967-1968, l'association est on ne peut plus active et accumule des succès de fréquentation pour l'ensemble de sa programmation. Au printemps 1967, lors de la grève de l'usine Rhodiacéta des Prés-de-Vaux à Besançon, Pol Cèbe, alors président du CCPPO, et Georges Liévremont, animateur du CPPO, tous deux meneurs de la grève, sollicitent l'association pour proposer des activités culturelles pendant l'occupation de l'usine. Les animations proposées aux grévistes sont variées : clubs-lecture, projections de films, montages, etc. À l'initiative du CCPPO, un comité de soutien est formé dans le but d'organiser des centres aérés et une colonie de vacances pour les enfants des ouvriers grévistes (voir 176J41). C'est dans ce contexte que Chris Marker est invité à se rendre à la Rhodia pour rendre compte de la situation, on ne peut plus originale : il en résultera le film À bientôt j'espère. Par la suite, l'idée vient que ce soient les ouvriers eux-mêmes qui tiennent la caméra : se forme alors le « groupe Medvedkine » de Besançon, émanation du CCPPO, dont les membres  variables - seront actifs pendant quelques années (voir 176J11).

La programmation de l'année 1967-1968 (176J20) est bien chargée pour l'association. Viennent s'ajouter les grèves de mai 1968 : le groupe Medvedkine, plus encore que le CCPPO (ce qui ne sera pas sans conséquences) est sur les lieux, notamment dans des usines bisontines (le film Classe de lutte, objet de polémique et de ruptures au sein de l'association, est projeté pour la première fois en juin 1969) et même à Sochaux. Après cette saison bien chargée, en septembre, un nouveau point est fait à Bouclans (voir 176J10) par les membres de l'association : faut-il se concentrer uniquement sur la classe ouvrière, doit-on rester libre de ses choix vis-à-vis des syndicats et des organisations politiques ? En 1969, l'association fête ses 10 ans : un programme dense est élaboré. De nombreux artistes, comme Colette Magny et Francesca Solleville, toutes deux chanteuses engagées, sont invités ; un spectacle évoque les moments forts de l'association ; un festival de cinéma sur différents thèmes est organisé, de nombreux cinéastes y assistent. Pol Cèbe quitte alors Besançon et l'association et crée un groupe Medvedkine à Sochaux.

En 1970, l'association, qui a de plus en plus de responsabilités dans le milieu culturel bisontin, est sollicitée par la Ville pour prendre en charge la gestion de la Maison pour tous de Palente. Face à la charge de travail, elle ne participera qu'une année à son animation. À partir de novembre 1970, Philippe Cattelain, un objecteur de conscience, fait son service civil au sein de l'association : il dépense toute son énergie pour aider les animateurs ( 17 J 12), la programmation pour l'année étant encore bien dense avec la représentation de 1789 d'Ariane Mouchkine au Palais des Sports. L'année suivante, ce sera la venue du musicien Mikis Théodorakis qui marquera les Bisontins, toutefois sur un fond de polémique au sujet de son cachet et de la dimension politique de sa venue (176J52). À partir de 1971, l'installation d'une troupe permanente à Besançon (le Centre théâtral de Franche-Comté) ne permet plus au CCPPO (qui le soutient d'ailleurs) de remplir comme avant les salles de spectacles. Toutefois, par sa programmation cinématographique, le CCPPO se montre encore très présent en matière de films peu ou pas distribués dans les salles bisontines.

Face à l'évolution de la société après mai 1968 et à la multiplication des grèves à Besançon (Établissements Bourgeois, Salins de Bregille, etc.), l'esprit de l'association a changé, certains membres sont partis, les manifestations publiques sont quelquefois perturbées par des militants gauchistes, de nombreux syndicats se sont désolidarisés de l'association. L'association doit se remettre en cause : les membres décident ainsi de ne plus intervenir qu'à la demande des syndicats : ainsi, elle ne sera pas sollicitée lors de la grève chez Lip à l'été 1973. René Berchoud quitte l'association et Besançon à la rentrée scolaire de 1973. Un nouveau secrétaire, Philippe Dujardin, l'avait déjà remplacé depuis quelques mois (176J13).

Histoire de la conservation

Le fonds a été conservé depuis son origine par l'association, avec un souci évident de garder des traces de son passé, pour le moins atypique. Le réemploi de livres anciens pour y coller la revue de presse et des traces des évènements marquants, une collection de tickets d'entrée et de programme réalisés, pour beaucoup en interne, pour des spectacles en témoignent& Toutefois, le conditionnement (pochettes plastiques, gros classeurs) a dû être revu dans son intégralité pour améliorer la protection des documents : utilisation de boîtes, de chemises et sous-chemises au pH neutre.

Modalités d'entrées

Le fonds est entré par don aux Archives départementales du Doubs en 2011.

Présentation du contenu

Il s'agit de l'ensemble des archives de l'association pour la période 1959-1973. Les archives postérieures se trouvent toujours dans les locaux de l'association à Palente. La limite chronologique de 1973 correspond au départ de Besançon de René et Micheline Berchoud, membres fondateurs de l'association, à la rentrée scolaire de 1973, dans le contexte de la grève Lip, qui débute en juin 1973.
 
La partie purement administrative du fonds est très peu importante par rapports aux nombreux documents (tracts, petits livrets composés de textes et de dessins et parfois de reproductions d'œuvres, revues Le Plooc) qui présentent les différentes activités de l'association : soirées thématiques et montages confectionnés par les membres de l'association autour d'artistes, de pays, de poésie, organisation de spectacles (théâtre, musique, cinéma).

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Pratiquement aucune élimination n'a été effectuée étant donné le caractère particulier des documents conservés par l'association : les notes internes, les documents de montage de spectacles, témoignent en effet de son mode de fonctionnement.

Mode de classement

Le classement initial opéré et repris par des membres de l'association à la fin des années 2000 a dû être modifié pour améliorer l'accès au fonds et clarifier sa structure. Un plan de classement-type d'association a été donc utilisé, qui respecte toutefois l'originalité du fonds.

Conditions d'accès

Le fonds est librement communicable sauf la partie concernant les photographies : 176J66-117. Une autorisation doit être demandée à l'association pour la consultation.

Bibliographie

Micheline BERCHOUD, « La véridique et fabuleuse histoire d'un étrange groupuscule : le CCPPO », Les Cahiers des Amis de la Maison du Peuple, n°5, mars 2003, 114 p. disponible sous la cote 1783PR1
Sur la grève à l'usine Rhodiacéta : « La Rhodia& mémoire des murs, des hommes, du travail », Les Amis de la maison du peuple et de la mémoire ouvrière, Cahiers hors-série n°2, 2017, p 81-106. (I3684)
Colin FOLTZ, L'expérience des Groupes Medvedkine (S.L.O.N. 1964-1974), histoire d'une aventure cinématographique révolutionnaire, mémoire de maîtrise en études cinématographiques sous la direction de Nicole Brenez, Université Paris I Panthéon Sorbonne, UFR 03, 2001, 223 p. disponible sous la cote BC21047
 « Les groupes Medvedkine : une expérience de ciné-action » in L'image, le monde, n°3, automne 2002., p. 25-59. disponible sous la cote BC21046
Hommage à Pol Cèbe, Ville de Besançon et CCPPO, 1985, non paginé (BC14917).
"Culture en trois-huit, Pob Cèbe, une mémoire militante 1959-1968" in Les Cahiers des Amis de la Maison du Peuple et de la Mémoire ouvrière de Besançon, n° 7, octobre 2009, voir partie  I  : Le CCPPO 1959-1967, p. 23 à 60 sous la cote 1783PR1.
François-Xavier LAITHIER, « Besançon : d'une ambition de culture politique à des vélleités de politique culturelle, l'Association franc-comtoise de culture » in Culture et élites locales en France, sous la direction d'Agnès Callu, CNRS Éditions, 2018, p. 337-354 (BC 20990).

Ressources documentaires

En ligne sur internet :
Les dix ans du CCPPO : https://www.youtube.com/watch?v=sbhMwEhPW3s
Les groupes Medvedkine sur France 3 Bourgogne Franche-Comté (interview d'Henri Traforetti et Christian Tourneret) : https://www.youtube.com/watch?v=wfhKbgMZIU4
Les Plocc du CCPPO : article n°56, été 2011 de la revue Le Vacarme : https://vacarme.org/article2071.html
Notice sur Pol CÈBE par Jean Charles dans le Dictionnaire Maitron : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article19123
Notice sur Micheline et René BERCHOUD par Jean Charles dans le Dictionnaire Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article16305
Présentation du Livre d'or de la grève à la Rhodiacéta de 1967 conservé au Musée du Temps à Besançon, dépôt du CCPPO : http://www.musees-franchecomte.com/index.php?p=600

Notes

Cet inventaire est moissonné selon le protocole OAI-PMH par les Archives de France pour le portail francearchives.fr

Cote/Cotes extrêmes

176J7-13

Date

1960-1973

Rencontres internes marquantes de l’association

Cote/Cotes extrêmes

176J10

Date

1964-1968

Présentation du contenu

Rencontres « Urtière 64 » et réactions : compte rendu, correspondance (1964). Week-end à Bouclans : un cahier (1968).